Allaitement et travail : tout ce qu’il faut savoir

La principale raison pour laquelle les femmes vont sevrer bébé est le problème de concilier allaitement et travail. 

 

Chaque semaine supplémentaire de repos augmente en moyenne la durée de l'allaitement de presque une demi-semaine.

 

Chez nos voisins scandinaves, les femmes ont un congé maternité de 12 mois. Ce n’est donc pas étonnant que les taux d’allaitement soient proches de 100% après l’accouchement, et encore de 40% à 9 mois…

 

Pourtant reprendre le travail ne signifie pas forcément un arrêt programmé de l’allaitement, si ce n’est pas votre choix. Le premier pas est de savoir que c’est possible (et sans fatigue accrue!). Il y a toutefois certaines astuces à connaître pour savoir comment s’organiser. Il faut également avoir en tête les droits disponibles du code du travail. 

Tirer son lait pour concilier allaitement et travail

Pour les mères qui retournent travailler et qui font le choix de continuer à allaiter, tirer son lait maternel permet de continuer la lactation. Il permet notamment de prolonger l’allaitement sur la durée, et éviter un sevrage précoce non souhaité. 

 

Des études récentes ont montré que les mamans qui continuaient à allaiter leur enfant après leur retour au travail s’absentent moins pour s’occuper de leur enfant malade (presque 3 fois moins, du fait des effets immunitaires protecteurs du lait maternel). C’est donc un bébé moins malade lors de son entrée à la crèche ou chez la nourrice, et moins de fatigue pour toute la famille. Certaines études sur la santé des bébés évoquent également un risque de diarrhée 8 fois moins élevé et un risque de problème respiratoire 2 fois moins élevé chez les enfants qui continuent à recevoir du lait maternel.

 

C’est sans compter les bienfaits de l'allaitement : une séparation avec votre enfant plus facile et un sentiment de réassurance pour votre nourrisson et pour vous (la fameuse tétée de retrouvaille!).

 

Vous pourrez aussi utiliser le recueil lait, hyper pratique pour récupérer le lait qui serait perdu dans le coussinet d'allaitement

Comment bien concilier allaitement et travail ?

Le vrai secret pour concilier allaitement et retour au travail est de savoir que c’est possible. 

 

Contrairement aux idées reçues, la reprise du travail tout en poursuivant l’allaitement n’est pas uniquement réservée à des “happy few”, ou à des super women héroïnes et infatigables.

 

Entourez-vous de soutien, parlez-en à votre conjoint, et aux personnes qui vont garder votre enfant. Échangez avec des mères qui ont pu continuer l’allaitement de leur nourrisson à la reprise du travail. Il existe des groupes de soutien à l’allaitement, par exemple sur Facebook, où vous pourrez trouver des témoignages et des conseils.

Pas besoin de ralentir l’allaitement en amont

Un secret pour continuer l’allaitement que peu de mamans connaissent est qu’il n’est pas nécessaire de ralentir l’allaitement dans le mois précédant la reprise du travail, et d’habituer bébé au biberon (ou à d’autres contenants alternatifs plus adaptés).

 

En effet, votre bébé refusera vraisemblablement que votre conjoint ou vous lui donniez un contenant. Il ne comprendra pas pourquoi, alors que vous êtes toujours présente, son lait lui est présenté dans un contenant de substitution.

 

Rassurez-vous : les bébés finissent toujours par accepter le biberon/autre contenant de la personne qui le gardera. Ils se rendent vite compte qu’ils doivent se nourrir pendant votre absence. Bien sûr, cette transition allaitement-contenant peut prendre plus ou moins de temps, mais il faut lui faire confiance. Si votre bébé ne mange pas beaucoup les premiers jours à la garderie ou chez la nourrice, il se rattrapera à votre retour. 

 

Un des avantages de ne pas “s’entraîner” au biberon ou à un autre contenant avant la reprise au travail, en plus de vous épargner bien du stress, est de limiter la confusion sein et tétine, et d’avoir une lactation plus établie. En effet, si vous continuez à allaiter votre bébé jusqu’à votre retour au travail et ne remplacez pas les tétées par des biberons, vous aurez gagné quelques jours ou semaines d’allaitement “complet”, et donc vous aurez maintenu votre lactation.

Ne pas avoir peur d’un rythme irrégulier 

Pour concilier allaitement et reprise du travail, il ne faut pas avoir peur d’avoir un rythme irrégulier.

 

Vous pouvez continuer d’allaiter votre bébé à la demande quand vous êtes avec lui (soir, matin, week-end). Cen n‘est pas grave s’il n’a pas le même rythme qu’à la crèche. Votre bébé comprendra vite que la structure est différente quand vous êtes là. Continuer autant que possible cet allaitement à la demande permettra d’entretenir votre lactation. En effet, plus il y a de tétées, plus vous continuez à produire du lait.

Tirer son lait pour concilier allaitement et travail 

Pour poursuivre l’allaitement, dans l’hypothèse où vous tirez votre lait sur votre lieu de travail, vous n’êtes pas obligée de laver vos embouts et accessoires lors de chaque tirage au travail.

 

On prévoit un sachet type ziploc, pour y mettre les accessoires, et gardez-les au frigo pour le second tirage. De cette façon, vous gagnez quelques minutes de nettoyage dans la journée. Le soir, veillez bien à tout laver au savon et à laisser sécher à l’air libre. Pensez également à utiliser un tire-lait double, pour gagner du temps et tirer votre lait sur les deux seins en même temps !

 

Pensez à emporter une glacière, pour pouvoir mettre votre sachet de conservation de lait maternel et bien le conserver toute la journée. 

Les alternatives au biberon pour l’allaitement 

Il n’y a pas que les biberons dans la vie !

 

Vous pouvez minimiser le risque de confusion en essayant des contenants alternatifs comme :

– le DAL (Dispositif d’Aide à la Lactation)

– la seringue

– la soft cup ou la cuillère (il va laper le lait)

– le verre (à partir de 6 mois)

 

“Ces méthodes utilisent de manière dite plus « physiologique » les muscles de la langue et du visage pour boire. Elles sont une sorte de thérapie myofonctionnelle. Le thérapie myofonctionnelle n’est autre que la rééducation des muscles du visage et de la bouche”. (Lynda Pourchet, Consultante en lactation IBCLC). 

 

PS : Il n’existe pas de biberon ou de tétine qui permettent d’éviter la confusion à 100%. 

Pour plus de détails sur le risque de confusion sein tétine (et les raisons qui l’expliquent), consultez notre article là-dessus écrit par des professionnels de santé. Il est écrit par Caroline de Ville, médecin généraliste et IBCLC et Lynda Pourchet, Consultante en lactation IBCLC.

 

On vous y donne également les clefs du bottle paced feeding si vous décidez de donner un biberon.

Le dernier secret pour allaiter au travail 

Pour tenir le cap de l’allaitement, il faut savoir que le rythme des premiers mois ne perdure pas éternellement.

 

Vers 12 mois et au fur et à mesure de la diversification alimentaire, votre bébé n’aura probablement besoin que de deux tétés par jour (matin et soir), et vous n’aurez plus besoin de tirer votre lait au travail. Cette période de tirage de lait pour bébé n’est donc qu’une affaire de quelques mois.

 

Enfin, soyez surtout bienveillante envers vous-même. Si vous ne souhaitez pas continuer à tirer votre lait au-delà de 6 mois (durée d’allaitement exclusif recommandé par l’OMS), sachez que donner de 1 à 2 tétés par jour à votre enfant vous aidera à maintenir une lactation, surtout si vous pouvez l’allaiter à la demande les weekends. Un sevrage n’est pas obligatoire.

Comment tirer son lait au travail ?

Il y a beaucoup de modèles de tire lait sur le marché. La plupart sont bien efficaces, avec de la pratique. Ce qu’il faut surtout considérer, c’est l’usage que vous allez en faire et la fréquence d’utilisation. Allez-vous allaiter tous les jours sur votre lieu de travail ? Avez-vous besoin de le transporter quotidiennement ? 

 

Consultez notre article comment tirer son lait pour en savoir plus sur les différents tire-laits et choisir celui qui vous conviendra le mieux, en fonction de vos besoins. Si vous vous posez des questions sur la conservation du lait maternel, consultez notre article sur le sujet. Conserver le lait tiré dans la journée dans une glacière bien au frais, avec un bloc de glace en plus par exemple, est une possibilité. 

Vos droits en entreprise prévus par la loi pour réussir à combiner allaitement et travail

En France, le code du travail prévoit pour toute mère salariée qui le souhaite, de tirer son lait ou d’allaiter son bébé, et ce, pendant 12 mois à compter de la naissance de votre enfant. Vous disposez d’une heure sur votre temps de la journée pour allaiter au travail. Vous pouvez faire plusieurs pauses à répartir sur la journée comme vous le souhaitez (Art. L 1225-30 du code du travail). C’est un droit qu’il ne faut pas hésiter à réclamer à son employeur, c’est la loi.

 

De plus, en France, si vous faites partie d’une entreprise de plus de 100 employés, votre employeur doit également offrir dans votre local ou à proximité un espace dédié pour l’allaitement de ses salariées. Si ce n’est pas le cas, ils doivent prendre les dispositions nécessaires pour le mettre en place. 
Cela permet de tirer votre lait dans les meilleures conditions. Si vous le pouvez, vous pouvez également allaiter au travail si on vous emmène votre bébé. 

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FAQ

Comment continuer à allaiter quand on reprend le travail ?

Pour pouvoir concilier allaitement et travail, vous pouvez notamment tirer votre lait. Cela permettra ainsi qu’une tierce personne le lui donne pendant votre absence. Cela permettra de maintenir l’allaitement, et vous pouvez lui donner le sein quand vous êtes là. Si vous avez un espace dédié, allaiter au travail directement est une possibilité. 

Comment obtenir un congé d’allaitement ?

Il n’existe pas de « congé allaitement » (sauf dans certaines conventions collectives, comme celle de la Croix-Rouge et celle de l’audiovisuel). Toutefois, il existe le congé parental d’éducation. Il permet à une salariée de suspendre ou réduire son activité professionnelle afin de s’occuper de son enfant après la naissance, jusqu’à ses 3 ans. Il faut voir avec son employeur les conditions de mise en place, notamment en fonction de sa convention. 

Qui a droit au congé d'allaitement ?

Vous pouvez avoir un congé « pour suites de couches pathologiques ». Un certain nombre de professionnels de santé, notamment médecin, l'accordent en cas d’allaitement. C'est toutefois un congé maladie, soumis aux règles de tous congés maladie. C’est une prolongation de celui de maternité, accordée à une femme en cas de complications de santé survenant après l’accouchement.
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