Café et grossesse : est-ce sans danger ?

La caféine est naturellement présente dans plus de 60 plantes, comme le café, le thé, le kola, le guarana, le maté et même dans le chocolat. Une fois ingérée, elle est rapidement distribuée dans l’organisme et elle est capable de passer la barrière placentaire. Pendant la grossesse, elle pourrait avoir un effet sur la santé de la maman et de son bébé. 

Les recommandations de café pendant la grossesse

Dans l’avis relatif à l’évaluation des risques liés à la consommation de boissons dites « énergisantes », l’Anses recommande aux femmes enceintes d’éviter de les consommer en raison d’un effet possible sur le retard de croissance du bébé lié à la caféine, et de ne pas en prendre plus de 2 à 3 tasses de café léger par jour [1].

 

Un apport maximum de 200 mg par jour de caféine apparaît comme sans danger pour la grossesse [2].

Quelques teneurs en caféine pour vous aider à vous repérer

Un espresso (30 ml) : environ 64 mg
Une tasse de : 
Café filtre (250 ml) : environ 113 mg
Café décaféiné (150ml) : 1 à 3 mg
Thé noir (150 ml) : 40 à 70 mg (en fonction du temps d’infusion)
Thé vert (150ml) : 15 à 25 mg

Théine et caféine, la même chose !

C’est la même molécule ! La différence étant que, dans le thé, elle est liée à des molécules, les tanins, ce qui fait que sa libération dans l’organisme sera plus progressive après avoir bu du thé. 

Ce serait sans danger à moins de 200mg par jour

Un essai contrôlé randomisé en double aveugle portant sur la prise de caféine chez 1 207 femmes a évalué les données de 1153 naissances [3]. Une prise moyenne de 182 mg par jour n'a pas affecté la durée de la grossesse. De plus, une étude a évalué l'effet de sa prise sur l'accouchement dans 873 cas [4]. Là encore, aucune association n'a été trouvée avec les naissances prématurées. Par conséquent, il ne semble pas que l'ingestion modérée soit un facteur contribuant à la prématurité.
D’après ces données, la consommation de caféine aux doses recommandées apparaît comme sans danger. Toutefois, de nombreuses autres données mettent en évidence des effets néfastes notables, et parfois même pour de faibles doses.

Quels sont les risques pour la santé du fœtus ?

Lorsqu'elle est consommée pendant la grossesse, la caféine traverse facilement le placenta, exposant le bébé à des concentrations du produit similaires aux niveaux sanguins de la mère.

Le bébé ne métabolise pas la caféine

Chez les adultes, elle est principalement métabolisée les enzymes dans le foie. Cependant, comme ce système enzymatique n'est pas développé avant l'enfance, les reins constituent la principale voie d'excrétion chez les nouveau-nés, plus de 80 % de la caféine passant sous forme inchangée dans les urines, contre seulement 2 à 4 % chez les adultes [5].

L’élimination de la caféine diminue avec l’avancée de la grossesse

Ainsi, la suppression de la caféine par le fœtus dépend du métabolisme maternel, dont le taux change pendant la grossesse. Alors que la disparition de la caféine au cours du premier trimestre est comparable à celle de l'état de non-grossesse, le taux ralenti de moitié puis d'environ un tiers au cours des deuxième et troisième trimestres, respectivement, conduisant à une exposition plus élevée du fœtus à la caféine ingérée par la mère [5].

La prise de caféine altère l’oxygénation du bébé

La caféine stimule la sécrétion des hormones de stress catécholamines, or des niveaux élevés de catécholamines ont le potentiel d'augmenter la vasoconstriction placentaire et d'augmenter le rythme cardiaque du fœtus [8], ce qui entraîne une altération de l'oxygénation [9].

Plus de 150 mg de caféine par jour peut augmenter le risque de fausse couche

Les conclusions des méta-analyses de plusieurs recherches montre une augmentation significative du risque de fausse couche lié à la caféine. Le pourcentage d'augmentation était de 32 % dans une étude [10] et de 36 %dans une autre (pour une consommation quotidienne de plus de 150 mg) [11].

Il a également été constaté que cet effet était lié à la dose, avec des estimations d'augmentation de 7% [12] à 14% [13] pour chaque tranche de 100 mg consommée par jour pendant la grossesse (soit une tasse), et de 19% [10] pour chaque tranche de 150 mg.
    
Ces résultats se retrouvent également pour une augmentation d'accouchement d’un bébé mort né, avec une augmentation du risque entre 9 et 19% pour une hausse de 100 mg consommée [12], [13]. Il y a également une augmentation de 7% pour un faible poids de naissance et de 10% pour une petite taille [13]. 

Seulement 50 mg de caféine agirait sur le poids du bébé

Une recherche récente de 2021 a montré que même une consommation de 50 mg de caféine par jour présentait un risque significatif de donner naissance à un bébé de petit poids [15].
Cette étude est la première à observer cet effet, les résultats sont donc à prendre avec précaution et nécessitent d’autres recherches pour pouvoir être affirmés avec certitude. 

Quels sont les risques pour la santé du bébé et sur le long terme ?

Les nouveau-nés ont des symptômes de dépendance à la naissance

Les études montrent que les nouveau-nés de mères consommatrices de caféine présentent des symptômes de sevrage. Cela inclut des troubles du sommeil, des vomissements, une fréquence accrue de battements cardiaques et de respiration irréguliers et une augmentation des tremblements fins, semblables au syndrome néonatal d'abstinence aux narcotiques. Ces observations sont significatives en comparaison d’enfants dont les mères n’en consommaient pas [16].

La caféine diminue la synthèse d’hémoglobine

Une étude chez la souris a indiqué que la consommation de café par la mère peut altérer la mobilisation des oligo-éléments à partir des réserves du foie au début de la vie et que cela peut entraîner une réduction de la synthèse de l'hémoglobine [6].

Une exposition élevée peut affecter le QI de l’enfant

Une modélisation a été réalisée à partir des données de 1083 mère et enfant provenant d’un groupe de naissance basé sur la population en France, suivie depuis la grossesse jusqu'à l'âge de 5,5 ans [7].

 

La consommation était fréquente dans l'échantillon, 91% des femmes enceintes en consommaient, et 12% avaient une consommation supérieure à 200 mg/jour. Les enfants de mères consommant plus de 200 mg/jour étaient plus susceptibles d'avoir un QI limite ou inférieur par rapport aux enfants de mères consommant moins de 100 mg/jour (13,5 % contre 7,3 %).

Une augmentation du risque d’obésité

Dans une analyse, ils ont montré que l'exposition in utero est globalement associée à un risque accru de 87% d'obésité infantile. Cette association a démontré une relation dose-réponse, le risque a doublé entre une consommation maternelle quotidienne <150 mg par jour contre une consommation ⩾150 mg par jour pendant la grossesse [17].

 

Attention, c’est la première fois qu’un lien est fait avec l’obésité. D’autres recherches sont nécessaires pour permettre d’affirmer avec certitude qu’il existe bien un lien entre les deux. 

Quelques conseils pour bien le consommer

Si cela reste indispensable pour vous, conservez le moment qui vous apporte le plus de plaisir dans la journée. Dégustez-le tranquillement, en conscience.

 

Optez pour un café bio, en grains, avec une torréfaction à l’ancienne. Fuyez au maximum celui industriel, les capsules (souvent plus riches en caféine) et évitez ceux préparés au filtre en papier. Préparez-le de préférence au percolateur.

 

Attention au décaféiné car bien souvent il est traité au chlore.

 

Tournez-vous vers un café Arabica plutôt que Robusta, ce dernier est deux fois plus riche en caféine et comme son goût est plus fort, vous aurez tendance à vouloir le sucrer (substituez le sucre par une goutte de sirop d’agave, une pincée de sucre complet ou de coco).

 

Pour faciliter la digestion, si vous l’allongez avec du lait, ajoutez un lait végétal plutôt que du lait de vache.

 

Buvez-le éloigné des repas (au moins 2 heures après un repas) pour éviter les carences nutritionnelles qu’il peut engendrer (comme une diminution de l’absorption de fer par exemple).

Quelques alternatives

Les infusions sont une excellente alternative. Sans caféine, vous bénéficiez de leurs vertus thérapeutiques. Une tisane grossesse à base de pomme et camomille est bien compatible et aide à réduire sa prise. 

 

Une alternative encore plus gourmande ? Notre poudre au collagène et cacao Mamaload ! Le collagène est bénéfique pour la beauté de la peau, des cheveux et prend soin du corps en profondeur. Une boisson réconfortante et réchauffante. 

 

Pour en savoir plus sur les alternatives au café, allez voir notre article sur le sujet. 

Conclusion

Il est largement démontré que la prise de caféine a des effets sur la grossesse, et que cela dépend également de la quantité ingérée. 

 

Bien que les recommandations estiment que 200 mg de caféine est une quantité tolérable, certaines études démontrent le contraire. Il faut donc prendre ces résultats avec précaution et essayer d’en consommer le moins possible. 

 

Pendant l’allaitement, il ne vaut mieux pas en sur consommer non plus, mais les effets sont moins importants. 

NOS SOURCES

[1] « AVIS révisé de l’Anses relatif à l’actualisation des repères alimentaires du PNNS – Femmes enceintes et allaitantes | Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail ».

[2] « Moderate Caffeine Consumption During Pregnancy ». American College of Obstetricians and Gynecologists. 2010. 

[3] Bech, Bodil Hammer, Carsten Obel, Tine Brink Henriksen, et Jørn Olsen. 2007. « Effect of reducing caffeine intake on birth weight and length of gestation: randomised controlled trial ». BMJ : British Medical Journal 334 (7590): 409. https://doi.org/10.1136/bmj.39062.520648.BE.

[4] Clausson, Britt, Fredrik Granath, Anders Ekbom, Stefan Lundgren, Anna Nordmark, Lisa B. Signorello, et Sven Cnattingius. 2002. « Effect of Caffeine Exposure during Pregnancy on Birth Weight and Gestational Age ». American Journal of Epidemiology 155 (5): 429‑36.https://doi.org/10.1093/aje/155.5.429.

[5] James, Jack E. 2021. « Maternal caffeine consumption and pregnancy outcomes: a narrative review with implications for advice to mothers and mothers-to-be ». BMJ Evidence-Based Medicine 26 (3): 114‑15. https://doi.org/10.1136/bmjebm-2020-111432.

[6] Muñoz, Leda, Carl L. Keen, Bo Lönnerdal, et Kathryn G. Dewey. 1986. « Coffee Intake during Pregnancy and Lactation in Rats: Maternal and Pup Hematological Parameters and Liver Iron, Zinc and Copper Concentration ». The Journal of Nutrition 116 (7): 1326‑33.https://doi.org/10.1093/jn/116.7.1326.

[7] Galéra, Cédric, Jonathan Y. Bernard, Judith van der Waerden, Manuel-Pierre Bouvard, Sandrine Lioret, Anne Forhan, Maria De Agostini, Maria Melchior, Barbara Heude, et EDEN Mother-Child Cohort Study Group. 2016. « Prenatal Caffeine Exposure and Child IQ at Age 5.5 Years: The EDEN Mother-Child Cohort ». Biological Psychiatry 80 (9): 720‑26. https://doi.org/10.1016/j.biopsych.2015.08.034.

[8] Kirkinen, P., P. Jouppila, A. Koivula, J. Vuori, et M. Puukka. 1983. « The Effect of Caffeine on Placental and Fetal Blood Flow in Human Pregnancy ». American Journal of Obstetrics and Gynecology 147 (8): 939‑42. https://doi.org/10.1016/0002-9378(83)90250-8.

[9] Resch, B. A., et J. G. Papp. 1983. « Effects of Caffeine on the Fetal Heart ». American Journal of Obstetrics and Gynecology 146 (2): 231‑32.https://doi.org/10.1016/0002-9378(83)91070-0.

[10] Li, Ji, Hong Zhao, Ju-Min Song, Jing Zhang, Yin-Lan Tang, et Chang-Mao Xin. 2015. « A Meta-Analysis of Risk of Pregnancy Loss and Caffeine and Coffee Consumption during Pregnancy ». International Journal of Gynaecology and Obstetrics: The Official Organ of the International Federation of Gynaecology and Obstetrics 130 (2): 116‑22. https://doi.org/10.1016/j.ijgo.2015.03.033.

[11] Fernandes, O., M. Sabharwal, T. Smiley, A. Pastuszak, G. Koren, et T. Einarson. 1998. « Moderate to Heavy Caffeine Consumption during Pregnancy and Relationship to Spontaneous Abortion and Abnormal Fetal Growth: A Meta-Analysis ». Reproductive Toxicology (Elmsford, N.Y.) 12 (4): 435‑44. https://doi.org/10.1016/s0890-6238(98)00024-0.

[12] Chen, Ling-Wei, Yi Wu, Nithya Neelakantan, Mary Foong-Fong Chong, An Pan, et Rob M. van Dam. 2016. « Maternal Caffeine Intake during Pregnancy and Risk of Pregnancy Loss: A Categorical and Dose-Response Meta-Analysis of Prospective Studies ». Public Health Nutrition 19 (7): 1233‑44. https://doi.org/10.1017/S1368980015002463.

[13] Greenwood, Darren C., Natalie J. Thatcher, Jin Ye, Lucy Garrard, Georgina Keogh, Laura G. King, et Janet E. Cade. 2014. « Caffeine Intake during Pregnancy and Adverse Birth Outcomes: A Systematic Review and Dose-Response Meta-Analysis ». European Journal of Epidemiology 29 (10): 725‑34. https://doi.org/10.1007/s10654-014-9944-x.

[15] Gleason, Jessica L., Fasil Tekola-Ayele, Rajeshwari Sundaram, Stefanie N. Hinkle, Yassaman Vafai, Germaine M. Buck Louis, Nicole Gerlanc, et al. 2021. « Association Between Maternal Caffeine Consumption and Metabolism and Neonatal Anthropometry: A Secondary Analysis of the NICHD Fetal Growth Studies–Singletons ». JAMA Network Open 4 (3): e213238‑e213238. https://doi.org/10.1001/jamanetworkopen.2021.3238.

[16] Hadeed, Anthony, et Sharon Siegel. 1993. « Newborn Cardiac Arrhythmias Associated With Maternal Caffeine Use During Pregnancy ». Clinical Pediatrics 32 (1): 45‑47. https://doi.org/10.1177/000992289303200108.

[17] Li, D-K, J R Ferber, et R Odouli. 2015. « Maternal caffeine intake during pregnancy and risk of obesity in offspring: a prospective cohort study ». International Journal of Obesity (2005) 39 (4): 658‑64. https://doi.org/10.1038/ijo.2014.196.
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FAQ

Quel café pour femme enceinte ?

Optez pour un de type bio, en grains, avec une torréfaction à l’ancienne. Fuyez au maximum celui industriel, les capsules et évitez ceux préparés au filtre en papier. Préparez-le de préférence au percolateur.

Est-ce que le café empêche la grossesse ?

Certaines études indiquent que la caféine pourrait nuire à la fertilité. Cependant, de nombreux facteurs entrent en jeu dans la fertilité.

Quel aliment éviter en début de grossesse ?

Évitez les aliments potentiellement contaminés (œufs crus, viande crue, charcuterie, etc) et les gros poissons qui peuvent contenir des métaux lourds. 
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