SOPK : facteur de risque du COVID 19 ?

Après plus de 2 ans de pandémie, nous continuons d’en apprendre sur ce virus et les facteurs de risques qui lui sont relatifs. 

De nombreuses données permettent déjà d’affirmer que certaines conditions sont à risque accru pour cette maladie : l’obésité, le diabète, les cancers, les maladies pulmonaires chroniques, l’hypertension, l’âge, etc. Ces catégories seront plus susceptibles de développer une maladie grave. Cependant, une nouvelle condition viendrait s’ajouter à cette liste : le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). 

Qu’est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques ?

Le syndrome des ovaires polykystiques est un dérèglement qui rassemble un large spectre de troubles affectant à la fois la sphère hormonale, métabolique et reproductive. Il est caractérisé par divers symptômes, dont une irrégularité du cycle menstruel, des problèmes de fertilité, acné, chute de cheveux, hyperpilosité, surpoids ou obésité. Ce syndrome est associé à de multiples complications, incluant des problèmes métaboliques (diabète de type 2) et cardiovasculaires (hypertension artérielle). On estime qu’il touche 10% des femmes en âge de procréer [1]

 

Pour en savoir plus à ce sujet, retrouvez notre article sur le syndrome des ovaires polykystiques. 

 

Au Royaume Uni, des chercheurs ont mis en évidence un risque accru de 51% de contracter le COVID-19 chez les femmes souffrant de SOPK, par rapport aux femmes du même âge sans SOPK. Après ajustement des facteurs de risque individuels (obésité, hypertension), le risque d’être infecté par le COVID-19 en souffrant de SOPK a persisté à 26% [2]. Mais alors est-ce que le SOPK augmente la probabilité d’avoir le COVID-19 ou est-ce que cette susceptibilité accrue est liée à des troubles associés au SOPK ?l 

Quelles sont les caractéristiques du SOPK comme facteur de risque du COVID-19 ?

Les problèmes cardio-métaboliques

 

Le SOPK est un trouble complexe, souvent associé à des problèmes tels que l'obésité, l'insulinorésistance, le diabète de type 2 et l'hypertension [3]. L’obésité relative au SOPK est liée à une résistance accrue à l'insuline et à l'hyperandrogénie ; ainsi, les femmes atteintes du SOPK présentent une prévalence nettement plus élevée d'intolérance au glucose, de diabète de type 2 et de syndrome métabolique. Par exemple, la prévalence du diabète de type 2 est quatre fois plus élevée chez les femmes atteintes de ce syndrome [4].

 

Les maladies cardio-métaboliques, qui sont fréquentes chez les femmes atteintes de SOPK, présentent un recoupement important avec les facteurs de risque prédisposant à une maladie grave du COVID-19. Ces comorbidités indiquent que cette population est potentiellement à risque dans le développement de la maladie.

 

L’hyperandrogénie

De nombreuses preuves indiquent que, par rapport aux femmes, les hommes présentent une plus grande prédisposition à développer une forme sévère de la maladie, et ce indépendamment de l'âge [5]. Les mécanismes moléculaires facilitant cette prédisposition masculine au COVID-19 sévère seraient liés au rôle de l'enzyme 2 de conversion de l'angiotensine (impliquée dans la régulation de la pression artérielle) qui est activée par les protéines du virus et agit comme l'un des médiateurs clés de son entrée dans les cellules hôtes [6]

 

Par ailleurs, l'expression et l'activité de l’enzyme seraient influencées par les hormones sexuelles mâles (androgènes). Une observation préliminaire a récemment été publiée concernant la fréquence élevée de la perte de cheveux chez les hommes hospitalisés pour le COVID-19, ce qui suggère que les androgènes pourraient être impliqués dans la gravité du COVID-19 [7]

 

Par conséquent, il existe une association potentielle entre les androgènes et la sévérité du COVID-19. Cette hypothèse devient également pertinente dans le contexte du SOPK, puisque les femmes atteintes de ce syndrome présentent une hyperandrogénie. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier les liens potentiels entre les résultats du COVID-19 et des facteurs tels que les androgènes circulants chez les patients masculins et féminins.
 

L’inflammation chronique

 

La gravité du COVID-19, dans certains cas, semble également liée à une libération excessive de cytokines pro-inflammatoires au niveau du tissu pulmonaire infecté (un syndrome de tempête de cytokines) [8]. En effet, les données suggèrent que ce syndrome peut induire des réactions d'hyper-inflammation conduisant à une défaillance respiratoire. 

 

Par ailleurs, l'activation des voies pro-inflammatoires sont également considérées comme favorisant la pathogenèse et les complications cardio-métaboliques du SOPK, en particulier lorsqu'elles sont associées à une obésité centrale (c’est-à-dire caractérisée par un excès de graisses au niveau abdominal). Il est reconnu que les femmes souffrant de SOPK et d'obésité présentent un dysfonctionnement marqué du tissu adipeux et un dérèglement de la sécrétion de facteurs de l’inflammation, ce qui entraîne un état pro-inflammatoire chronique [9]. Certains de ces facteurs sont également impliqués dans la synthèse des androgènes ovariens. Or le récepteur de ces androgènes joue aussi un rôle dans l’immunité qui est liée au COVID-19 [10]

 

Par conséquent, il est probable que l'inflammation chronique associée au SOPK soit en relation avec l'hyper inflammation liée au COVID-19.

 

Le statut en vitamine D

 

Depuis le début de la pandémie, certaines études ont établi des liens entre des faibles niveaux de vitamine D et la sévérité du COVID-19, du au fait que la pandémie a rapidement évolué dans divers pays de l’hémisphère Nord, et au moment où les niveaux de la vitamine D sont au plus bas (baisse de l’ensoleillement, arrivée de l’hiver). 

De plus, les données existantes indiquent qu'une carence en vitamine D peut contribuer au syndrome de détresse respiratoire aiguë, tandis que la mortalité liée au COVID-19 augmente avec l'âge et la comorbidité cardio-métabolique, qui présentent également des associations positives avec des taux de vitamine D plus faibles [11]

 

En revanche, les données de diverses études se contredisent, certaines affirmant un lien entre le faible taux de vitamine D et le risque de développer le COVID-19 [12] et d’autres ne trouvant pas de corrélation [13].  

 

Néanmoins, la vitamine D module les réponses immunitaires, et peut réguler l'activité de facteurs de l’inflammation et supprimer la réponse cytokine pro-inflammatoire [14]. Ainsi, le rôle potentiel de faibles niveaux de vitamine D dans la sévérité du COVID-19 et le développement d'un syndrome de tempête de cytokines associé mérite des recherches supplémentaires. 

 

En particulier, de plus en plus de données soutiennent une association inverse entre la vitamine D et la gravité de multiples manifestations du SOPK, y compris l'hyperandrogénie, l'infertilité, la résistance à l'insuline et les maladies cardio-métaboliques [15]. Les données d'une méta-analyse indiquent que la supplémentation en vitamine D chez les femmes souffrant de SOPK pourrait réduire de manière significative les taux circulants de testostérone totale, tout en augmentant le niveau de la capacité antioxydante totale [16]. Dans l'ensemble, ces données suggèrent que les femmes atteintes du SOPK et qui ont de faibles niveaux de vitamine D risquent de contracter une forme plus grave de la maladie du COVID-19.

Quels sont les traitements du SOPK en lien avec le COVID-19 ?

La metformine

La metformine est un traitement traditionnellement prescrit aux diabétiques et aux personnes souffrant de SOPK. Cependant, l'utilisation de la metformine peut favoriser l'acidose lactique dans le contexte d'une déshydratation marquée et d'une insuffisance rénale en cas de COVID-19 sévère [17]. Par conséquent, demandez l’avis de votre médecin si vous souffrez de SOPK et/ou de diabète, que vous contractez le COVID-19 et que vous prenez ce traitement. 

Les glucocorticoïdes

Certains patients atteints de COVID-19 qui ont été hospitalisés ont été traités avec des glucocorticoïdes [18]. Or, dans le contexte du contrôle de la glycémie chez les femmes atteintes de SOPK et/ou de diabète de type 2, un tel traitement aux glucocorticoïdes pour le COVID-19 peut aggraver la régulation de la glycémie, en particulier chez les femmes présentant une résistance à l’insuline [19]. Par conséquent, prenez conseil auprès de votre médecin traitant pour suivre un potentiel dérèglement glycémique/métabolique induit par les glucocorticoïdes.

Conclusion

Ainsi, si vous souffrez d’un SOPK, soyez d’autant plus vigilante afin de ne pas contracter le COVID-19 (gestes barrières, masque, désinfection des mains, …). Vous pouvez également envisager de vous faire vacciner. 

Si vous voulez en savoir plus sur le vaccin et l’allaitement, allez voir notre article sur le sujet.

NOS SOURCES

[1]  « Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ». Inserm - La science pour la santé. https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/syndrome-ovaires-polykystiques-sopk.

[2]  « Women with Polycystic Ovary Syndrome at Significantly Increased Risk of COVID-19 ». 9 mars 2021. University of Birmingham. https://www.eurekalert.org/pub_releases/2021-03/uob-wwp030921.php.

[3]  Randeva, Harpal S., Bee K. Tan, Martin O. Weickert, Konstantinos Lois, John E. Nestler, Naveed Sattar, et Hendrik Lehnert. 2012. « Cardiometabolic Aspects of the Polycystic Ovary Syndrome ». Endocrine Reviews 33 (5): 812‑41. https://doi.org/10.1210/er.2012-1003.

[4]  Moran, Lisa J., Marie L. Misso, Robert A. Wild, et Robert J. Norman. 2010. « Impaired glucose tolerance, type 2 diabetes and metabolic syndrome in polycystic ovary syndrome: a systematic review and meta-analysis ». Human Reproduction Update 16 (4): 347‑63. https://doi.org/10.1093/humupd/dmq001.

[5]  Jin, Jian-Min, Peng Bai, Wei He, Fei Wu, Xiao-Fang Liu, De-Min Han, Shi Liu, et Jin-Kui Yang. 2020. « Gender Differences in Patients With COVID-19: Focus on Severity and Mortality ». Frontiers in Public Health 8. https://doi.org/10.3389/fpubh.2020.00152.

[6]  La Vignera, Sandro, Rossella Cannarella, Rosita A. Condorelli, Francesco Torre, Antonio Aversa, et Aldo E. Calogero. 2020. « Sex-Specific SARS-CoV-2 Mortality: Among Hormone-Modulated ACE2 Expression, Risk of Venous Thromboembolism and Hypovitaminosis D ». International Journal of Molecular Sciences 21 (8): 2948. https://doi.org/10.3390/ijms21082948.

[7]  Goren, Andy, Sergio Vaño-Galván, Carlos Gustavo Wambier, John McCoy, Alba Gomez-Zubiaur, Oscar M. Moreno-Arrones, Jerry Shapiro, et al. 2020. « A Preliminary Observation: Male Pattern Hair Loss among Hospitalized COVID-19 Patients in Spain - A Potential Clue to the Role of Androgens in COVID-19 Severity ». Journal of Cosmetic Dermatology 19 (7): 1545‑47. https://doi.org/10.1111/jocd.13443.

[8] Fagone, Paolo, Rosella Ciurleo, Salvo Danilo Lombardo, Carmelo Iacobello, Concetta Ilenia Palermo, Yehuda Shoenfeld, Klaus Bendtzen, Placido Bramanti, et Ferdinando Nicoletti. 2020. « Transcriptional landscape of SARS-CoV-2 infection dismantles pathogenic pathways activated by the virus, proposes unique sex-specific differences and predicts tailored therapeutic strategies ». Autoimmunity Reviews 19 (7): 102571. https://doi.org/10.1016/j.autrev.2020.102571.

[9]  Sirmans, Susan M, et Kristen A Pate. 2013. « Epidemiology, diagnosis, and management of polycystic ovary syndrome ». Clinical Epidemiology 6 (décembre): 1‑13. https://doi.org/10.2147/CLEP.S37559.

[10]  Fagone, Paolo, Rosella Ciurleo, Salvo Danilo Lombardo, Carmelo Iacobello, Concetta Ilenia Palermo, Yehuda Shoenfeld, Klaus Bendtzen, Placido Bramanti, et Ferdinando Nicoletti. 2020. « Transcriptional landscape of SARS-CoV-2 infection dismantles pathogenic pathways activated by the virus, proposes unique sex-specific differences and predicts tailored therapeutic strategies ». Autoimmunity Reviews 19 (7): 102571. https://doi.org/10.1016/j.autrev.2020.102571.

[11]  Panarese, Alba, et Endrit Shahini. 2020. « Letter: Covid‐19, and vitamin D ». Alimentary Pharmacology & Therapeutics 51 (10): 993‑95. https://doi.org/10.1111/apt.15752.

[12]  Ilie, Petre Cristian, Simina Stefanescu, et Lee Smith. 2020. « The role of vitamin D in the prevention of coronavirus disease 2019 infection and mortality ». Aging Clinical and Experimental Research, mai, 1‑4. https://doi.org/10.1007/s40520-020-01570-8.

[13]  Hastie, Claire E., Daniel F. Mackay, Frederick Ho, Carlos A. Celis-Morales, Srinivasa Vittal Katikireddi, Claire L. Niedzwiedz, Bhautesh D. Jani, et al. 2020. « Vitamin D concentrations and COVID-19 infection in UK Biobank ». Diabetes & Metabolic Syndrome 14 (4): 561‑65. https://doi.org/10.1016/j.dsx.2020.04.050.

[14]  Marik, Paul E., Pierre Kory, et Joseph Varon. 2020. « Does vitamin D status impact mortality from SARS-CoV-2 infection? » Medicine in Drug Discovery 6 (juin): 100041. https://doi.org/10.1016/j.medidd.2020.100041.

[15]  Reis, Guilherme Victor Oliveira Pimenta Dos, Natália Alves Gontijo, Kathryna Fontana Rodrigues, Michelle Teodoro Alves, Cláudia Natália Ferreira, et Karina Braga Gomes. 2017. « Vitamin D Receptor Polymorphisms and the Polycystic Ovary Syndrome: A Systematic Review ». The Journal of Obstetrics and Gynaecology Research 43 (3): 436‑46. https://doi.org/10.1111/jog.13250.

[16]  Azadi-Yazdi, Maryam, Azadeh Nadjarzadeh, Hossein Khosravi-Boroujeni, et Amin Salehi-Abargouei. 2017. « The Effect of Vitamin D Supplementation on the Androgenic Profile in Patients with Polycystic Ovary Syndrome: A Systematic Review and Meta-Analysis of Clinical Trials ». Hormone and Metabolic Research = Hormon- Und Stoffwechselforschung = Hormones Et Metabolisme 49 (3): 174‑79. https://doi.org/10.1055/s-0043-103573.

[17]  Kyrou, Ioannis, Emmanouil Karteris, Tim Robbins, Kamaljit Chatha, Fotios Drenos, et Harpal S. Randeva. 2020. « Polycystic ovary syndrome (PCOS) and COVID-19: an overlooked female patient population at potentially higher risk during the COVID-19 pandemic ». BMC Medicine 18 (1): 220. https://doi.org/10.1186/s12916-020-01697-5.

[18]  Zhang, Wen, Yan Zhao, Fengchun Zhang, Qian Wang, Taisheng Li, Zhengyin Liu, Jinglan Wang, et al. 2020. « The use of anti-inflammatory drugs in the treatment of people with severe coronavirus disease 2019 (COVID-19): The Perspectives of clinical immunologists from China ». Clinical Immunology (Orlando, Fla.) 214 (mai): 108393. https://doi.org/10.1016/j.clim.2020.108393.

[19]  Kyrou, Ioannis, Emmanouil Karteris, Tim Robbins, Kamaljit Chatha, Fotios Drenos, et Harpal S. Randeva. 2020. « Polycystic ovary syndrome (PCOS) and COVID-19: an overlooked female patient population at potentially higher risk during the COVID-19 pandemic ». BMC Medicine 18 (1): 220. https://doi.org/10.1186/s12916-020-01697-5.
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FAQ

Comment savoir si on a un SOPK ?

Les principaux symptômes du SOPK sont des anomalies du cycle menstruel, une hyperpilosité, une chute de cheveux et de l'acné. Le surpoids et l'infertilité font partie des complications. Il n’est obligé d’avoir tous ces symptômes pour souffrir de SOPK.

Comment guérir un SOPK ?

Il n’y a pas de médicament ou de traitement qui traitent le syndrome des ovaires polykystiques à proprement parler. Cependant, des solutions peuvent vous être proposées pour diminuer les symptômes (pilule, anti-androgènes, metformine).

Est-ce que le SOPK peut disparaître ?

Le SOPK est réversible ! C'est un syndrome et non une maladie. Il faut agir sur la globalité du syndrome, avec la glycémie, l’inflammation et les hormones. 

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