Dans une grande revue publiée en 2018, les chercheurs ont regardé 40 études incluant plus de 11,000 femmes. Ils ont comparé celles ayant eu une péridurale, une rachidienne, une césarienne, et celles qui n’ont reçu aucun médicament, ou ont reçu des injections d’antidouleurs, notamment des opioïdes [2].
Péridurale : quels sont les effets prouvés ?
La péridurale est efficace pour gérer la douleur.
Elle n’aurait pas d’effet sur votre bébé.
On observe une multiplication du risque par 2 de déchirure périnéale.
1,4 fois plus de risque de connaître l’usage des forceps et de la ventouse pendant la phase de poussée.
Un ralentissement de la seconde phase de travail.
Quels sont les effets bénéfiques de la péridurale ?
La péridurale est efficace pour diminuer la douleur
La péridurale est préférable aux opioïdes (moins de nausées/vomissements, meilleure respiration)
La péridurale a moins d’effets secondaires sur les enfants que les opioïdes
Quels sont les impacts négatifs de la péridurale sur l’accouchement ?
Des effets secondaires sur la santé maternelle
Les femmes ayant bénéficié d'une péridurale ont connu davantage d'hypotension, de blocages moteurs, de fièvre et de rétention urinaire (avec obligation d'insérer un cathéter dans la vessie pour écouler l’urine)[3].
Une analyse de 22 études, sur plus de 650 000 accouchements a également montré que la péridural augmentait par 2 le risque d’avoir une déchirure périnéale [4].
Toutefois, la péridurale n’augmenterait pas les douleurs dans le bas du dos sur le long terme [5].
La péridurale peut ralentir la seconde phase de travail
Les femmes avec une péridurale ont une première et seconde phase (soit la phase de poussée) du travail plus long, en moyenne 13.66 minutes plus long. Ces femmes étaient également plus à risque de recevoir de l'ocytocine de synthèse pour augmenter les contractions et déclencher le travail [6].
Toutefois, l’augmentation du temps d’accouchement serait surtout au niveau de la seconde phase du travail. Par exemple, une étude sur plus de 62 000 accouchements a montré que la durée moyenne de la deuxième phase du travail était 2 fois plus longue pour les mères sous péridurale pour leur premier accouchement (elles ont mis en moyenne 1h06 à accoucher contre 36 min sans péridurale). Pour les femmes dont c’était le deuxième accouchement, elles ont mis 24 min sous péridurale contre 12 minutes [7]
Potentiellement une augmentation d’avoir recours à des forceps
Les femmes avec une péridurale ont 1,4 fois plus de risque de connaître l’usage des forceps et de la ventouse pendant la phase de poussée [8].
Mais quand les chercheurs ont restreint les données pour uniquement y inclure des accouchements depuis 2005, ils n’ont plus vu d’augmentation de ce risque. Une hypothèse est que les péridurales sont de moins en moins dosées grâce aux techniques plus avancées, et que cette amélioration aide à réduire le risque d’une extraction par forceps/ ventouse.
Cela pourrait être dû au fait qu’avec la péridurale on ne sente moins voir pas ses jambes, et bouger le bas de son corps serait donc compliqué. L’étude a observé que la péridurale multiplie par 30 le risque de blocage moteur [9].
Péridurale et risque de césarienne, un effet possible
Dans l’étude précédente, les chercheurs n’ont pas trouvé de différence significative au niveau du taux de césarienne entre les femmes qui ont reçu une péridurale et celle n’en ayant pas eu. Toutefois, le taux de césarienne dans les 2 groupes était respectivement de 11% et 13%, soit beaucoup moins que la moyenne [10].
Certaines études montrent une augmentation du risque d’avoir une césarienne à la suite d’une péridurale, mais les résultats ne sont pas toujours fiables [11].
Par exemple, une étude sur plus de 200000 femmes montre qu’une péridurale multiplie par 2.5 le risque d’avoir une césarienne [12].
Il est possible que la péridurale, en ralentissant le travail, augmente le risque de césarienne dans certaines conditions.
La péridurale a-t-elle des effets sur votre bébé ?
Potentiellement un effet sur la position foetale de la tête à l’accouchement
Certaines études montrent un risque d’autisme, mais ces données sont à prendre avec prudence
En octobre 2020, une étude portant sur les naissances en Californie a révélé que le recours à la péridurale était associé à un risque accru de 37 % de diagnostic ultérieur d'autisme chez les enfants [15] . Mais l'étude a été largement critiquée pour ne pas avoir tenu compte de nombreux facteurs de risque socio-économiques, génétiques et médicaux pour l'autisme - distincts de la péridurale - qui pourraient être plus fréquents chez les femmes qui choisissent la péridurale. Les experts ont également fait remarquer qu'il était biologiquement peu plausible que la péridurale augmente le risque d'autisme.
Peu après la publication de cette étude, plusieurs sociétés professionnelles ont publié une déclaration affirmant que l'étude ne fournissait pas de preuves scientifiques crédibles que la péridurale causait l'autisme [16].
Les recherches suivantes ont montré que la péridurale n’avait pas d’effet sur l’autisme
Accoucher dans l’eau, une alternative possible à la péridurale ?
Les femmes qui accouchent dans l’eau ressentent moins la douleur selon les études. La conséquence : un besoin moindre de recourir à des médicaments analgésiques, et presque pas de péridurale [18]. Une étude a montré que sur plus de 700 femmes ayant accouché dans l’eau, aucune d’entre elles n’avaient eu recours à des analgésiques [19].
Conclusion
La péridurale est efficace pour gérer la douleur de l’accouchement. Toutefois, ce n’est pas une procédure anodine, on observe notamment une augmentation de la seconde phase de travail. En revanche, elle ne semble pas associée à des complications pour votre bébé.
L’accouchement dans l’eau serait une bonne alternative à la péridurale.