Marie de Chaumont Quitry

Péridurale : risque et bénéfice pendant l’accouchement

Le taux de péridurale en France est parmi les plus élevé et concerne ainsi 77% des accouchements par voie basse.

 

Les études montrent que parmi les 26% de mamans souhaitant donner naissance sans péridurale, au final, 52% d’entre elles en auront une [1]. Cet anesthésique est utilisé afin de soulager la douleur. Toutefois, l’anesthésie par péridurale n’est pas sans conséquence. 

Quels sont les bénéfices de la péridurale ?

La péridurale est un composé analgésique qui permet ainsi de diminuer la douleur à l’accouchement. Il est administré par l’anesthésiste via une fine aiguille au niveau de l’espace péridural (entre deux vertèbres lombaires) ce qui permet donc une anesthésie locale. On vous installera ensuite le cathéter qui sera fixé le long du dos. Il va ensuite injecter l’anesthésique qui fait effet en une dizaine de minutes environ. C’est une technique d’analgésie très efficace. Il existe toutefois certaines contre-indications et maladies empêchant de pouvoir en avoir une. N’hésitez pas à en discuter avec votre professionnel de santé et l’anesthésiste. 

 

Dans une grande revue publiée en 2018, les chercheurs ont notamment regardé 40 études incluant plus de 11,000 mères. Ils ont comparé celles ayant eu une injection de péridurale, une rachidienne, une césarienne, et celles qui n’ont reçu aucun médicament, ou ont reçu des injections d’antidouleurs, notamment des opioïdes [2]

 

La péridurale est un analgésique efficace 

En moyenne, elle abaisse de 2 à 3 points la douleur ressentie sur une échelle de 0 à 10 ( 0 : aucune et 10 : extrêmement douloureux) et ce plus efficacement que des opioïdes. La plupart des mamans rapportaient ainsi qu’avec la péridurale, la gestion de la douleur était “excellente ou très bonne”. Cette technique d’analgésie est donc très efficace pour soulager les mamans. 

 

La péridurale est préférable aux opioïdes 

L’étude précédente, montrant l’effet de la péridurale en tant qu’analgésique, a également montré que les mamans en ayant reçu une souffrent moins de nausées et de vomissement que celles qui reçoivent des opioïdes. Elles ont également moins de difficultés à respirer (besoin d’oxygène). 

 

Les enfants nés à la suite d’une péridurale étaient également moins susceptibles de recevoir du naloxone, un médicament utilisé pour bloquer l’action des opioïdes, par rapport à ceux nés à la suite d’un accouchement avec opioïdes. 

Péridurale et risque à l’accouchement

Cette pratique peut toutefois s’accompagner d’effets secondaires et complications. 

 

Péridurale et risque pour la santé maternelle

Les mères ayant bénéficié d'une péridurale ont connu davantage d'hypotension, de blocages moteurs, de fièvre et de rétention urinaire (avec obligation d'insérer un cathéter dans la vessie pour écouler l’urine)[3].

 

Une revue de 22 études, sur plus de 650 000 accouchements a également montré qu’elle augmentait par 2 la possibilité d’avoir une déchirure périnéale [4].

Toutefois, elle n’augmenterait pas les douleurs dans le bas du dos sur le long terme [5].

 

Péridurale et ralentissement de la seconde phase de travail

Les femmes avec une péridurale ont notamment une première et seconde phase (soit la phase de poussée) du travail plus long, en moyenne 13.66 minutes plus long. Ces mères étaient également plus susceptibles de recevoir de l'ocytocine de synthèse pour augmenter les contractions et déclencher le travail [6].

 

Toutefois, l’augmentation du temps d’accouchement serait surtout au niveau de la seconde phase. Par exemple, une étude sur plus de 62 000 accouchements a montré que la durée moyenne de la deuxième phase était 2 fois plus longue pour les mères sous péridurale pour leur premier accouchement (elles ont mis en moyenne 1h06 contre 36 min sans). Pour les mères dont c’était le deuxième accouchement, elles ont mis 24 min sous péridurale contre 12 minutes [7].

 

Péridurale et risque d’avoir recours à des forceps

Une mère avec une péridurale a également 1,4 fois plus de possibilité de connaître l’usage des forceps et de la ventouse pendant la phase de poussée [8].

 

Mais quand les chercheurs ont restreint les données pour uniquement y inclure des accouchements depuis 2005, ils n’ont plus vu d’augmentation d’utilisation de forceps et de ventouse. Une hypothèse est que les péridurales ont une dose de plus en plus faible grâce aux techniques plus avancées, et que cette amélioration aide à réduire l’extraction par forceps/ ventouse.

 

Cela pourrait être dû au fait qu’avec la péridurale on ne sente moins voir pas ses jambes, et bouger le bas de son corps serait donc compliqué. Ils ont également observé que la péridurale multiplie par 30 la possibilité d’avoir un blocage moteur [9]

 

Péridurale et risque de césarienne

Des chercheurs n’ont pas trouvé de différence significative au niveau du taux de césarienne entre les femmes qui ont reçu une péridurale et celle n’en ayant pas eu. Toutefois, ce taux dans les 2 groupes était respectivement de 11% et 13%, soit beaucoup moins que la moyenne [10].

 

Certaines études montrent une augmentation de la possibilité d’avoir une césarienne, mais les résultats ne sont pas toujours fiables [11].

Par exemple, une autre analyse sur plus de 200 000 femmes montre qu’elle multiplie par 2.5 la possibilité d’avoir cette intervention [12].

 

Cela pourrait s’expliquer par le fait que la péridurale peut engendrer un accouchement plus long, notamment au niveau de la deuxième phase. 

Péridurale et risque pour le bébé

Le bébé n’est pas plus en danger si on a une péridurale ! Les chercheurs n’ont par exemple pas pu identifier de différences entre les femmes recevant une épidurale et celles qui n’en reçoivent pas au niveau de l’état de l’enfant (nombre d’admission en unité de soins intensifs et score APGAR, qui évalue la vitalité d’un nouveau-né reposant sur une observation empirique au moment de la naissance) [13]

 

Péridurale et risque de position foetale de la tête à l’accouchement

Une analyse sur plus de 15 000 péridurales a montré qu’il y avait 1,4 fois plus de possibilité que la position foetale de la tête soit anormale à l’accouchement par rapport aux accouchements sans péridurale [14]

 

Péridurale et risque d’autisme

En octobre 2020, une recherche portant sur les naissances en Californie a révélé que la péridurale serait en fait associée à une augmentation de 37 % de diagnostic ultérieur d'autisme chez l’enfant [15]. Mais ces données ont été largement critiquées pour ne pas avoir tenu compte de nombreux facteurs : socio-économiques, génétiques et médicaux pour l'autisme qui pourraient être plus fréquents chez les femmes qui choisissent la péridurale. Les experts ont également fait remarquer qu'il était biologiquement peu plausible que la péridurale soit associée à l’autisme. 

 

Peu après la publication, plusieurs sociétés professionnelles ont publié une déclaration affirmant que l'étude ne fournissait pas de preuves scientifiques crédibles sur un lien avec l'autisme [16].

 

Les recherches suivantes ont montré que la péridurale n’avait pas d’effet sur l’autisme.

La nouvelle recherche a examiné le recours à la péridurale pendant l'accouchement et les diagnostics ultérieurs d'autisme au Canada. Elle a porté sur 123 175 enfants qui sont nés entre 2005 et 2016 et ont été suivis jusqu'en 2019. En réalité, il n'y avait pas de différence statistiquement significative dans les taux d'autisme entre les enfants dont les mères ont reçu une péridurale pendant leur accouchement et ceux qui n'en ont pas reçu [17].

Accoucher dans l’eau, une alternative sans risque à la péridurale ?

Accoucher dans l’eau permet généralement de ressentir moins de douleurs selon les études. La conséquence : un besoin moindre de recourir à des médicaments analgésiques, et presque pas de péridurale [18]. Des chercheurs ont ainsi montré que sur plus de 700 mamans ayant accouché dans l’eau, aucune d’entre elles n’avaient eu besoin de prendre des analgésiques [19]

Conclusion

La péridurale est donc efficace pour gérer les douleurs de l’accouchement. Toutefois, ce n’est pas une procédure anodine, on observe notamment une augmentation de la durée de la seconde phase de l’accouchement chez la femme. En revanche, elle ne semble pas associée à des complications pour votre bébé. 

 

Certaines contre-indications ou maladies peuvent cependant empêcher d’avoir une péridurale. 

 

L’accouchement dans l’eau serait par exemple une bonne alternative pour la maman. 

 

N’hésitez pas à demander conseil à votre sage-femme, gynécologue, médecin, etc. 

NOS SOURCES

[1] Kpéa, Laure, Marie-Pierre Bonnet, Camille Le Ray, Caroline Prunet, Anne-Sophie Ducloy-Bouthors, et Béatrice Blondel. « Initial Preference for Labor Without Neuraxial Analgesia and Actual Use: Results from a National Survey in France ». Anesthesia and Analgesia 121, no 3 (septembre 2015): 759‑66. https://doi.org/10.1213/ANE.0000000000000832.

[2] Anim‐Somuah, Millicent, Rebecca MD Smyth, Allan M Cyna, et Anna Cuthbert. « Epidural versus non‐epidural or no analgesia for pain management in labour ». The Cochrane Database of Systematic Reviews 2018, no 5 (21 mai 2018): CD000331. https://doi.org/10.1002/14651858.CD000331.pub4.

[3] Anim‐Somuah, Millicent, Rebecca MD Smyth, Allan M Cyna, et Anna Cuthbert. « Epidural versus non‐epidural or no analgesia for pain management in labour ». The Cochrane Database of Systematic Reviews 2018, no 5 (21 mai 2018): CD000331. https://doi.org/10.1002/14651858.CD000331.pub4.

[4] Pergialiotis, Vasileios, Dimitrios Vlachos, Athanasios Protopapas, Kaliopi Pappa, et Georgios Vlachos. « Risk Factors for Severe Perineal Lacerations during Childbirth ». International Journal of Gynaecology and Obstetrics: The Official Organ of the International Federation of Gynaecology and Obstetrics 125, no 1 (avril 2014): 6‑14. https://doi.org/10.1016/j.ijgo.2013.09.034

[5] Anim‐Somuah, Millicent, Rebecca MD Smyth, Allan M Cyna, et Anna Cuthbert. « Epidural versus non‐epidural or no analgesia for pain management in labour ». The Cochrane Database of Systematic Reviews 2018, no 5 (21 mai 2018): CD000331. https://doi.org/10.1002/14651858.CD000331.pub4.

[6]  Anim‐Somuah, Millicent, Rebecca MD Smyth, Allan M Cyna, et Anna Cuthbert. « Epidural versus non‐epidural or no analgesia for pain management in labour ». The Cochrane Database of Systematic Reviews 2018, no 5 (21 mai 2018): CD000331. https://doi.org/10.1002/14651858.CD000331.pub4.

[7]  Zhang, Jun, Helain J. Landy, D. Ware Branch, Ronald Burkman, Shoshana Haberman, Kimberly D. Gregory, Christos G. Hatjis, et al. « Contemporary Patterns of Spontaneous Labor With Normal Neonatal Outcomes ». Obstetrics and gynecology 116, no 6 (décembre 2010): 1281‑87. https://doi.org/10.1097/AOG.0b013e3181fdef6e.

[8]  Anim-Somuah, Millicent, Rebecca Md Smyth, Allan M. Cyna, et Anna Cuthbert. « Epidural versus Non-Epidural or No Analgesia for Pain Management in Labour ». The Cochrane Database of Systematic Reviews 5 (21 mai 2018): CD000331. https://doi.org/10.1002/14651858.CD000331.pub4.

[9] Anim‐Somuah, Millicent, Rebecca MD Smyth, Allan M Cyna, et Anna Cuthbert. « Epidural versus non‐epidural or no analgesia for pain management in labour ». The Cochrane Database of Systematic Reviews 2018, no 5 (21 mai 2018): CD000331. https://doi.org/10.1002/14651858.CD000331.pub4

[10] Anim‐Somuah, Millicent, Rebecca MD Smyth, Allan M Cyna, et Anna Cuthbert. « Epidural versus non‐epidural or no analgesia for pain management in labour ». The Cochrane Database of Systematic Reviews 2018, no 5 (21 mai 2018): CD000331. https://doi.org/10.1002/14651858.CD000331.pub4.

[11]  Goer, Henci. « Epidurals: Do They or Don’t They Increase Cesareans? » The Journal of Perinatal Education 24, no 4 (2015): 209‑12. https://doi.org/10.1891/1058-1243.24.4.209.

[12]  Philipsen, T., et N. H. Jensen. « Epidural Block or Parenteral Pethidine as Analgesic in Labour; a Randomized Study Concerning Progress in Labour and Instrumental Deliveries ». European Journal of Obstetrics, Gynecology, and Reproductive Biology 30, no 1 (janvier 1989): 27‑33. https://doi.org/10.1016/0028-2243(89)90090-7.

[13]  Anim‐Somuah, Millicent, Rebecca MD Smyth, Allan M Cyna, et Anna Cuthbert. « Epidural versus non‐epidural or no analgesia for pain management in labour ». The Cochrane Database of Systematic Reviews 2018, no 5 (21 mai 2018): CD000331. https://doi.org/10.1002/14651858.CD000331.pub4.

[14] Penuela, Ivan, Pilar Isasi-Nebreda, Hedylamar Almeida, Mario López, Esther Gomez-Sanchez, et Eduardo Tamayo. « Epidural analgesia and its implications in the maternal health in a low parity community ». BMC Pregnancy and Childbirth 19, no 1 (30 janvier 2019): 52. https://doi.org/10.1186/s12884-019-2191-0.

[15]  Qiu, Chunyuan, Jane C. Lin, Jiaxiao M. Shi, Ting Chow, Vimal N. Desai, Vu T. Nguyen, Robert J. Riewerts, R. Klara Feldman, Scott Segal, et Anny H. Xiang. « Association Between Epidural Analgesia During Labor and Risk of Autism Spectrum Disorders in Offspring ». JAMA Pediatrics 174, no 12 (1 décembre 2020): 1168‑75. https://doi.org/10.1001/jamapediatrics.2020.3231.

[16] American Society of Anesthesiologists. « Labor epidurals do not cause autism; safe for mothers and infants, say anesthesiology, obstetrics, and pediatric medical societies ». https://www.asahq.org/about-asa/newsroom/news-releases/2020/10/labor-epidurals-and-autism-joint-statement.

[17] McKeen, Dolores M., Valerie Zaphiratos, et the Canadian Anesthesiologists’ Society. « Lack of Evidence That Epidural Pain Relief during Labour Causes Autism Spectrum Disorder: A Position Statement of the Canadian Anesthesiologists’ Society ». Canadian Journal of Anesthesia/Journal Canadien d’anesthésie 68, no 2 (1 février 2021): 180‑82. https://doi.org/10.1007/s12630-020-01840-z.

[18] Shaw-Battista, Jenna. « Systematic Review of Hydrotherapy Research: Does a Warm Bath in Labor Promote Normal Physiologic Childbirth? » The Journal of Perinatal & Neonatal Nursing 31, no 4 (décembre 2017): 303‑16. https://doi.org/10.1097/JPN.0000000000000260.

[19]  Thoeni, A., N. Zech, L. Moroder, et F. Ploner. « Review of 1600 Water Births. Does Water Birth Increase the Risk of Neonatal Infection? » The Journal of Maternal-Fetal & Neonatal Medicine: The Official Journal of the European Association of Perinatal Medicine, the Federation of Asia and Oceania Perinatal Societies, the International Society of Perinatal Obstetricians 17, no 5 (mai 2005): 357‑61. https://doi.org/10.1080/14767050500140388.
Produits recommandés
POURQUOI CE PRODUIT ?

Mama Poule est LE bouillon post partum idéal en pour régénérer les tissus et récupérer tout en douceur : une portion de 240 ml contient près de 6g de collagène naturel, directement assimilable par le corps.

SHARE
FAQ

Quels sont les inconvénients de la péridurale ?

Elle peut s’accompagner d’effets secondaires, comme par exemple une augmentation de déchirure périnéale, de blocage moteur, de fièvre, de maux de tête, etc.

Est-ce normal d'avoir mal au dos après une péridurale ?

Normalement, elle n’augmente pas les maux de dos sur le long terme. Il se peut toutefois que dans le post partum immédiat vous ayez mal au dos car comme vous n’aviez pas de ressenti dans cette zone, vous avez pu prendre une mauvaise position en accouchant.

Comment agit la péridurale ?

Elle est composée d’anesthésiques qui vont être injectés en intraveineuse par un anesthésiste-réanimateur et vont ainsi aider à bloquer la douleur. N’hésitez pas à en parler à votre sage-femme, gynécologue, médecin pour en savoir plus. 
Livraison rapide et gratuite

dès 100€ d'achat en France et Belgique

INNOVATION FRANÇAISE

La majorité de nos ingrédients sont français et bios

UNE QUESTION ?

Nous sommes à votre écoute du lundi au vendredi (9h-13h et 14h-18h) :