Aujourd’hui, il n’y a pas d’étude ni de preuve concrète que la grossesse ait un impact quelconque sur l’endométriose que ce soit dans le sens d’une diminution, d’une stagnation ou bien d’une évolution.
Les impacts de la grossesse sur les lésions d’endométriose
Il faut savoir que la croissance et les changements structurels des lésions d’endométriose durant la grossesse pourraient advenir en raison de la décidualisation [9]. La décidualisation est un processus par lequel un des types de cellules de l'endomètre, les cellules stromales, subissent une série de changements et deviennent des cellules déciduales. En effet, tout au long de la grossesse, l'endomètre subit des changements multiples, qui sont essentiels à la fonction reproductrice féminine. Les nouvelles cellules déciduales interagiront directement avec l'embryon : une interaction adéquate entre les cellules déciduales et l'embryon est notamment nécessaire au bon développement de ce dernier.
Une réponse hormonale similaire peut également être décelée pour l’endomètre ectopique (il est présent en dehors de l’utérus). En tant que tel, les endométriomes ovariens et les implants d’endométriose profonde peuvent subir ce processus de décidualisation.
Globalement, l’état progestatif de la grossesse favorise une amélioration de l’endométriose. Cependant, la décidualisation peut amener à une croissance de la taille des endométriomes et des implants d’endométriose profonde, à des changements d’apparence à l’imagerie, voire à des complications comme la présence de sang dans le péritoine durant la grossesse.
La connaissance de ce processus peut aider à prévenir un mauvais diagnostic d’endométriomes décidualisés comme étant des tumeurs malignes des ovaires ou bien à reconnaître les manifestations habituelles à l’imagerie des effets hormonaux de la grossesse sur l’endométriose.
Les impacts de la grossesse sur les symptômes d’endométriose
Si, dans la plupart des cas, ces troubles sont mis en pause durant la grossesse en raison de l’imprégnation forte du corps par la progestérone, certaines femmes mentionnent des douleurs spécifiques liées à l’endométriose.
Ces douleurs peuvent être identiques à celles ressenties avant la grossesse mais elles peuvent aussi être exacerbées ou différentes : tiraillement ou douleurs lancinantes dans le bas du ventre, dans les cuisses, syndrome de Lacomme, douleurs neuropathiques, etc.
Cela peut notamment s’expliquer par le fait que l’utérus grossit en volume et déplace les organes dans le bassin. Cette évolution impacte les adhérences créées par l’endométriose et joue aussi sur l’étirement des ligaments qui soutiennent les organes. Ces douleurs ligamentaires apparaissent chez un grand nombre de femmes non atteintes mais peuvent être beaucoup plus intenses chez celles ayant de l’endométriose en raison des lésions présentes sur les ligaments.
L’impact de l’endométriose sur l’accouchement
En ce qui concerne l'accouchement, les risques pour la femme atteinte d’endométriose ne viennent pas de la maladie en elle-même, mais des chirurgies qu’elle pourrait avoir subies avant la grossesse.
Si la chirurgie a touché la partie terminale du rectum ou le vagin, la césarienne peut être privilégiée, car un accouchement par voie naturelle pourrait entraîner un déchirement du périnée et des séquelles telles que l'incontinence anale et urinaire.