L’allaitement mixte dès la maternité
De nombreuses mamans sortent de la maternité avec une prescription de compléments pour leur bébé. Les professionnels de santé estiment alors pertinent de soutenir la prise de poids du nouveau-né en ajoutant des biberons aux prises au sein. Ces biberons peuvent contenir :
- du lait maternel tiré par la maman,
- ou des préparations pour nourrissons.
Cela concerne particulièrement les bébés nés prématurément, avec un faible poids ou trop fatigués pour téter efficacement. Dans ce cas, la maman peut tirer son lait et le donner au biberon, pratiquant ainsi un tire-allaitement en complément des tétées.
Les professionnels déterminent la fréquence et le volume des compléments, mais il reste recommandé de :
- proposer le sein en premier,
- donner ensuite le complément,
- et tirer son lait chaque fois qu’un biberon est donné, afin de maintenir la stimulation nécessaire pour le flux lacté.
Avec le temps et l’accompagnement d’un expert, notamment d’une sage-femme, d’un pédiatre ou d’une consultante en lactation IBCLC, il est possible de remplacer progressivement le lait artificiel par du lait maternel tiré, puis de réduire et supprimer les compléments.
Les situations particulières : Dans certains cas, comme une hypoplasie mammaire ou un antécédent de chirurgie de réduction mammaire, les compléments devront rester présents tout au long de l’allaitement.
Quoi qu’il en soit, l’introduction et le retrait des compléments doivent toujours être suivis par un professionnel de santé pour assurer le bien-être du bébé et le confort de la maman.
Recommandations de l’OMS : allaitement exclusif jusqu’à l’âge de 6 mois
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande : un allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois de vie, puis la poursuite de l’allaitement jusqu’à au moins 2 ans, en complément d’une alimentation diversifiée.
Le lait maternel reste une ressource nutritionnelle essentielle car il :
- apporte toute l’énergie et les nutriments nécessaires aux 6 premiers mois,
- couvre encore environ 50 % des besoins du bébé durant le second semestre,
- fournit près d’un tiers des besoins nutritionnels pendant la deuxième année,
- s’adapte en continu aux besoins de l’enfant,
- contient des anticorps protecteurs qui renforcent son système immunitaire.
Peut-on allaiter longtemps en allaitement mixte ?
Pour allaiter dans la durée, les seins ont besoin d’une stimulation régulière. Certaines mamans ne parviendront pas à conserver leur sécrétion lactée si elles remplacent trop de tétées par des biberons, tandis que d’autres réussiront à entretenir un bon flux en restant attentives aux besoins de leur bébé.
Il n’existe pas de règle universelle : chaque maman réagit différemment. Mais dans tous les cas, il est recommandé de consulter une consultante en lactation IBCLC pour évaluer la conduite de l’allaitement et ajuster les habitudes.
De nombreuses mères constatent que donner un biberon de lait artificiel le soir pour “faire dormir bébé plus longtemps” ne produit pas toujours l’effet escompté. Au contraire, cela peut provoquer des engorgements qui, à la longue, font diminuer la sécrétion lactée.
Attendre que la lactation soit déjà bien installée
Mettre en place un allaitement mixte trop tôt revient, dans les faits, à initier un sevrage progressif dès le départ. Le flux maternel s’installe généralement dans les 2 à 3 semaines qui suivent la naissance, parfois un peu plus tard selon les mamans.
Introduire du lait artificiel avant que la sécrétion lactée soit stabilisée envoie un signal au corps de produire moins de lait. Résultat :
- les quelques biberons donnés chaque jour risquent de se multiplier rapidement,
- la sécrétion lactée est moins stimulée,
- bébé peut se montrer agité au sein car il ne reçoit pas la quantité ou le débit de lait attendu.
Pour préserver le flux de lait, il est préférable d’attendre que la sécrétion lactée soit bien en place avant d’introduire régulièrement le biberon.
Allaitement mixte et reprise du travail
De nombreuses mères envisagent, au moment de reprendre leur activité professionnelle, de donner le sein uniquement le matin et le soir, et de laisser le biberon (avec une préparation de lait infantile) prendre le relais en journée.
Sur le papier, cette organisation semble séduisante. Mais en réalité, elle comporte plusieurs risques :
- engorgements douloureux liés à l’absence de stimulation en journée,
- fuites de lait intempestives au travail,
- diminution progressive du flux de lait,
- un bébé qui peut se montrer frustré et agité au sein, car il n’obtient plus assez de lait le soir.
Certaines mamans tentent de stimuler leur flux avec une tisane allaitement ou de l’homéopathie, mais cela ne suffit généralement pas si les seins ne sont pas régulièrement drainés. À terme, l’allaitement mixte devient majoritaire, et certains bébés finissent même par refuser le sein.
Pourtant, la fin du congé allaitement ne signifie pas forcément un arrêt de l’allaitement. Avec un peu d’organisation, il est possible de maintenir un allaitement exclusif en tirant son lait durant la journée. Ce geste permet de préserver la sécrétion lactée, d’éviter les engorgements et de continuer à allaiter bébé sur le long terme.
Conserver des tétées régulières pour réussir l’allaitement mixte
Pour maintenir une sécrétion lactée suffisante en biberon et allaitement mixte, il est essentiel de conserver un minimum de prises au sein par jour. Toutefois, il n’existe pas de seuil universel en dessous duquel la sécrétion lactée ne peut plus se maintenir.
Pour mettre toutes les chances de votre côté :
- proposez toujours le sein en premier avant un biberon de lait infantile,
- surveillez les signes de refus du sein (repas écourté, bébé distrait ou agité),
- utilisez un tire-lait si bébé espace trop les prises afin de compenser la stimulation manquante.
Astuce : même si vous complétez par un biberon, maintenir certaines prises au sein “rituelles” avec bébé (matin, soir, nuit) aide à préserver le lien et le flux.